Culture

Le voyage et l'art du paysage

Eugène VIOLLET-LE-DUC (1814-1879), « Cratère de l’Etna », aquarelle et gouache sur traits à la mine de plomb, 1836, inv. 80.2.27. Ville de Versailles, musée Lambinet.
Eugène VIOLLET-LE-DUC (1814-1879), « Cratère de l’Etna », aquarelle et gouache sur traits à la mine de plomb, 1836, inv. 80.2.27. Ville de Versailles, musée Lambinet.

Ces dessins dénotent la place prépondérante du voyage dans l’œuvre et la vie de Viollet-le-Duc, depuis sa jeunesse jusqu’à sa mort.  

En effet, l’artiste privilégie d’abord, sur les conseils de son oncle Étienne-Jean Delécluze (1781-1863), ancien élève de Jacques-Louis David (1748-1825), une formation pratique “par la promenade” pour aiguiser son sens de l’observation au contact des paysages eux-mêmes, dans un périple qui l’entraîne dans le Massif central et la Provence (1831), en Normandie, (1832 puis 1834 et 1835), dans le Val-de-Loire et les Pyrénées (1833) puis en Italie (1836-1837). Particulièrement productif, il observe, dessine, mesure, commente, avec précision et méticulosité telle la vue du mont San Giuliano, réalisée en mai 1836. Il fera plus tard l’ascension de l’Etna, et en ramènera des images grandioses, aux couleurs intenses. 

Durant toutsa vie, il fut un infatigable voyageur, tout particulièrement en raison de son métier d’architecte, nécessitant de suivre ses chantiers. Il est aussi bon cavalier et excellent randonneur  durant son temps libre. 

La formation sur le motif et l’art du paysage sont au cœur des réflexions d’artistes tel que Jules-Louis-Philippe Coignet (1798-1860) ou Jean-Baptiste Hubert (1781-1845) qualifié de “peintre voyageur”. Pierre-Charles Cicéri (1782-1868), aquarelliste, inspire également Viollet-le-Duc dans cette voie qui nourrit aussi son travail d’architecte. 

Viollet-le-Duc dessine comme on fait un relevé, campé au milieu de la nature, puis note les couleurs, qu’il appliquera le soir après la marche. À la mine de plomb, le dessin est très fin, et disparaît sous l’aquarelle ou la gouache assez légère, qu’il relève d'épais rehauts blancs précisément disposés. Il utilise aussi différents papiers, dont la couleur, révèle mieux le sujet : bleu ou gris pour la montagne, jaune ou ivoire pour les vues de la forêt ou de la campagne. Enfin, on retrouve très souvent quelques mots, notés sur le vif, et qui rappellent un constat, une conversation, une idée.